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Dix ans

Cela fait dix ans cette année que je suis muséologue.

Dix ans que j'ai le plaisir de faire de la création muséale.

Bon, il faut vous avouer que je ne suis pas très ponctuelle pour les célébrations. J'ai plus exactement débuté ma vie professionnelle en mai 1998 et non en septembre.

Ma première réalisation? Réaliser, en vitesse et en catastrophe, une petite exposition à micro-budget pour l'Aquarium du Québec. La saison estivale commençait un mois plus tard et l'Aquarium souhaitait présenter une exposition sur le pont de Québec, situé à portée de vue.

J'étais passablement contente du résultat, malgré les matériaux et les lieux de fortune accordés au projet.

Pourquoi je vous parle de cela? Ai-je une crise d'auto-congratulation? Que nenni!

En fait, je suis allée à l'Aquarium cette semaine dans le cadre de mon « opération reprise-de-contact-avec-l'activité-muséale-de-la-région-suite-à-mon-retour-de-France ». Visite « touristique avec un oeil de muséologue ». Les lieux ont énormément changé depuis dix ans. Pour le mieux, évidemment.

Mais si je vous parle de tout cela, c'est que j'ai eu droit à un moment professionnellement émotif.

En m'approchant du bâtiment où avait été présentée la dite exposition sur le pont de Québec, j'aperçois, de loin, de petits rectangles dans les fenêtres.

- Non... Ce n'est pas encore là!, que je me dis.

Je m'approche.

- Oui!


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Dans les cases de cette fenêtre, j'avais muséographiquement rendu hommage aux ouvriers morts lors de l'effondrement de la partie sud du pont survenue le 29 août 1907.


Depuis dix ans, il m'est souvent arrivé de repenser à cette première réalisation. Et c'est justement de cette mise en espace dont j'étais la plus satisfaite.

La revoir a été un très émouvant cadeau de « dix ans de vie professionnelle ».


Fière de nos artistes

Voici un vidéo qui vise à protester contre les coupes du gouvernement canadien conservateur dans le domaine de la culture.

Tout simplement hilarant!


Voilà une belle façon de prendre position politiquement avec des moyens propres aux artistes.


L'idée de mettre le vidéo sur Youtube est une bénédiction pour les blogueurs en culture qui souhaitent prendre position également. Et pour diffuser le vidéo.

Voilà. Je prends moi aussi position.

Je suis contre les coupures dans le domaine de la culture.

;-)


Mise à jour : La blogosphère fait présentement une belle promotion de la vidéo. L'on questionne l'absence de liste des créateurs. J'avais moi aussi déploré cette absence, sans en parler ici (bon, ok, j'aurais dû le faire...). Qui a payé? Qui a réalisé? Qui a oeuvré?

Note à mes lecteurs hors-Québec :

Michel Rivard est un auteur-compositeur majeur au Québec et sa chanson La complainte du phoque en Alaska (paroles et audio - mais chanté par Fabienne Thibeault), est devenue emblématique.

La vidéo est un geste politique qui répond aux coupures ordonnées juste avant le déclenchement des élections fédérales par le gouvernement conservateur de Stephen Harper (voir article du journal Le Devoir du 9 août 2008).


Vendredi...

Nous sommes vendredi après-midi.

J'ai consacré la journée à explorer le web, à reprendre le contrôle sur des courriels, sur mon agrégateur, à lire des blogs de musée. Le tout était très inspirant et il y aura peut être quelques notes à ces sujets.

Et là, juste avant de fermer l'ordinateur pour partir chercher les enfants à l'école, je tombe sur une série de photos créées dans le cadre d'un congrès d'architecture : Virtual Realities by NL Architects.

Wahahaha!

Bonne fin de semaine... ou bon week-end... selon l'expression en usage chez-vous. ;-)


Street & Studio : un autre alliage expo et web 2.0 à la Tate

Après How we are (j'en parlais ici), la Tate Modern a présenté l'été dernier une exposition sur l'histoire de la photographie « de portraits » réalisés tant en studio que dans la rue : Street & Studio : An Urban History of Photography.


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Dans un premier temps, une exposition des plus standard : des photographies d'artistes reconnus et sélectionnés par les conservateurs du musée. Mais, tout comme dans How we are, la « contribution de citoyens » est intégrée à l'expo avec un écran qui présente les photographies déposées par les usagers sur le groupe flickr de Street & Studio.

Mais l'aventure/expérimentation de type web 2.0 ne s'arrête pas là! Cent photos proposées par le public ont été sélectionnées afin d'être rassemblées dans un livre. Qui sélectionne les photos en question?

The judges who will select the 100 photographs to be included in the photobook are: Juergen Teller: artist whose work is included in the exhibition Ute Eskildsen: curator of Street and Studio: An Urban History of Photography Heather Champ: photographer and member of the Flickr team

Une artiste présentée dans l'expo, le conservateur de l'expo et un membre de l'équipe Flickr (photographe évidemment). Les concepteurs du projet ne pouvaient créer un meilleur panel de juges! On y retrouve les trois piliers du projet : un créateur de photographie, l'expert en photographie et représentant officiel du musée et le spécialiste du web photographique.

Mais ça ne s'arrête pas là!

Les cent photos sélectionnées (dont les droits d'utilisation et de présentation ont évidemment été cédés à la Tate) sont rassemblées, probablement par l'équipe de designers de la Tate, dans un livre qui sera vendu.

Vendu comment?

Dans une approche web évidemment! Dehors « l'éditeur papier habituel », la Tate Modern a choisi le Blurb Bookstore. Que fait Blurb? Cet éditeur numérique ayant pignon sur web offre aux internautes de créer leur propre livre à partir de leurs propres textes et photos sur la base de modèles de mise en page prédéfinis par Blurb. Puis, l'internaute peut les faire imprimer en format livre. Un beau livre évidemment, pas des feuillets simplement brochés.

La Tate confectionne le livre et l'internaute le commande sur le site de Blurb. Génial!

Un autre projet inspirant qui n'est pourtant pas si compliqué que ça à réaliser.

Un superbe travail de collaboration.


Un été de visites - Le moulin à images

Je l'ai mentionné un peu plus tôt aujourd'hui, arriver à Québec un été de 400e anniversaire est un plaisir pour une amatrice de culture.

La ville était en fête et les gens ont répondu à l'invitation.

Voici quelques notes (publiées dans les prochains jours!) au sujet des quelques ingrédients de la fête qui ont retenu mon attention.

Commençons par le Moulin à images.

Petite introduction pour ceux et celles qui ne sont pas du Québec (... puisque ces derniers en ont assurément entendu parler!).

Le Moulin à images est une phénoménale projection réalisée de Ex Machina (dirigée par Robert Lepage) portant sur les quatre cent ans de fondation de la ville de Québec. Cette immense multimédia était présenté sur les silos à grain que l'on retrouve dans le port de Québec. Immense puisque la surface de projection était de 30 m x 600 m. Le Moulin à images rassemblait donc des images, soigneusement et créativement animées, retraçant les principaux événements de l'histoire de Québec.

Voici une photo des lieux tirée du site de Ex Machina (qui présente d'ailleurs un superbe extrait vidéo, mais qui n'en fait aucun lien direct de façon à ce que l'on puisse en parler directement sur nos blogues...) et un extrait de la dite projection... trouvée évidemment ailleurs.

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L'oeuvre est esthétiquement admirable et rassemble effectivement les principaux éléments historiques de la ville de Québec. Il est aisé de suivre le récit pour quelqu'un qui connaît les grandes lignes de l'histoire de la ville. Ce n'est malheureusement pas le cas pour les autres puisque les concepteurs ont fait le choix de n'utiliser aucune parole et très peu de mots. Ils ont plutôt choisi de laisser à la trame sonore le défi de traduire la réalité de l'époque et de créer une ambiance. Je comprends très bien ce choix : notamment afin d'éliminer la problématique de la traduction et d'éviter de réaliser un produit à consonance didactique pour privilégier une oeuvre artistique à contenu historique plutôt que l'inverse.

Les échos que j'ai recueilli à cet effet sont partagés. Certains ont vu cette absence de narration explicite comme un manque. D'autres non. La publication d'un livre sur la réalisation de l'oeuvre permettra de pallier à ces manques.


Mais la réussite phénoménale du Moulin à images tient surtout à la prouesse technique que suppose sa réalisation. Il faut comprendre que les silos à grain sont effectivement de forme cylindrique et qu'il fallait réussir à projeter des images en mouvement sans incohérences visuelles.

Voilà la preuve que l'on peut allier histoire et intérêt du public puisque des milliers de personnes ont assisté aux projections quotidiennes de cet été.

Il suffit de beaucoup d'imagination et d'une formidable équipe de créateurs. À cet égard, la longueur des crédits (en bas à droite) sur le site de Ex Machina est éloquente.


Histoires du Louvre à la radio... et podcasts

MuséoGraphie et muséoLogie nous réfère à une émission réalisée par Pierre Rosenberg (ancien président-directeur du Louvre et académicien) au sujet des Histoires du Louvre. Cette émission radiophonique a été diffusée sur France culture, tous les jours de 13h30 à 13h50 du 21 juillet au 22 août 2008 : Histoires du Louvre sur France Culture.

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Rosenberg aborde dans cette émission des sujets très variés : présentation de collections, d'expositions, de l'architecture du Louvre, mais également les divers départements du musée.

J'attire d'ailleurs votre attention à sa vision de la muséologie actuelle où, selon ses propos, le visiteur abandonne les salles du musée (les permanentes) pour se diriger principalement vers les expositions temporaires. Vous pouvez entendre ces propos à partir de la 16e minute de la dernière émission (25/25).

Voilà une initiative de rapprochement du musée avec ses publics qui allie traditionnel à nouveaux médias, radio et podcasts.

Podcasts qui malheureusement demeurent enfouis au dernier rayon des archives. Pour constater que les premières émissions n'étaient plus disponibles et que le site du Louvre ne semble pas en faire mention.

C'est ce qu'on pourrait appeler une perte sèche de mémoire pour un musée.

... et ce, même si le Louvre est loin de manquer d'occasion de conserver des traces de sa mémoire.


Reprise

Trois mois sans bloguer.

Préparer le déménagement. Partir. Arriver. Retrouvailles. Joies. Visites et sorties (quelle joie d'arriver à Québec un été de 400e anniversaire!).

Attendre. Attendre. Attendre quoi? Le conteneur, pardi! Une grève au port du Havre a retardé le départ de notre conteneur... et donc son arrivée.

S'installer... et finalement : redémarrer.

Me voilà donc de retour sur mon blogue. Avec un nouvel entête qui passe de « Le carnet d'Ana : Observations et réflexions d'une muséologue québécoise à Paris » à une version plus épurée.

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Eh oui, je suis toujours muséologue, je suis toujours Québécoise, mais je ne suis plus à Paris!

Ma démarche de muséoblogueuse poursuivra son cours à partir de Québec. Avec peut être un peu moins de voyages (soupir...), mais avec tout autant d'observations muséales et d'analyses de la culture web pour les musées.

Et puisque cela constitue la raison d'être de ce blogue, on peut dire que Paris et Québec, c'est du pareil au même. ;-)