Previous month:
septembre 2006
Next month:
novembre 2006

Technologie versus guide animateur

René m'a fait suivre cette note publiée par Ascent Stage (l'auteur travaille chez IBM dans le secteur des applications technologiques au domaine du patrimoine et de la culture). Tolva y réfléchit sur la place des technologies dans les expositions en comparant certaines technologies à un «suppléant» de guide animateur. Intéressant comme point de vue!

«It is curious that Bausch suggests we use technology to do what the best human guides already do.»

Également, cette réflexion plus générale :

«It’s a tough problem actually and it is complicated by the fact that many museums (like traditional encyclopedias) operate as keepers of culture rather than sharers of it.»

Plus de guides? Plus de commentaires «vivants» disséminés au travers des expositions? Plus d'audioguides présentant l'exposition comme un guide le ferait plutôt que comme un conservateur?

Cela dépend évidemment de chaque exposition et de chaque élément à décrire. Il faut tout de même conserver en mémoire ce côté «ce n'est souvent pas aussi bien expliqué que si c'était un humain qui nous racontait le sujet ou l'objet».


Muséologie africaine

Une des choses qui m'intrigue beaucoup dans le domaine de la muséologie c'est justement comment la muséologie se met en place dans les différents pays.

Déjà, en venant ici à Paris, je perçois des différences avec le Québec. Pourtant, nos cultures sont similaires. C'est alors que ma curiosité croît encore plus pour les muséologies «non-occidentales».

Ce bulletin de l'AFRICOM m'en révèle une partie. Et je constate encore une fois à quel point les musées ont un rôle social. Ils sont réellement des lieux d'expression de l'identité d'un peuple.

Prenez le temps de lire la section sur les diverses expositions inaugurées sur le continent. Comme leurs réalités historiques et sociales me sont pour la plupart inconnues puisque propres à chaque lieu et à chaque peuple, on peut imaginer que ces expositions permettent réellement de comprendre son pays et donc de se comprendre soi-même.


Allez, j'ajoute mon grain de sel

Mario a décidé de se lancer dans le sujet de l'heure à Québec : Québec et les immigrants.

À mon tour d'ajouter mon petit grain de sel.

J'ai connu plusieurs immigrants qui sont arrivés à Québec remplis d'espoir. Québec représentait la société calme, respectueuse et ouverte qu'ils recherchaient. Oui, oui, une société qu'ils ne sentaient pas rejetante.

Pourtant, une grande partie d'entre eux sont partis à Montréal ou à Toronto. Pas parce qu'ils se sentaient jugés. Pas parce qu'ils se sentaient rejetés socialement. Non. Pour une autre raison : le travail. Ils ne réussissaient pas à trouver du travail dans leur domaine d'expertise. L'accueil, l'intégration d'une famille et tout le reste, passe par une seule chose : que les parents puissent trouver un travail selon leurs compétences. Ce n'est pas normal que nous ayons des médecins, des journalistes, des administrateurs, des ingénieurs et d'autres professionnels qui se contentent de faire du taxi, des ménages ou de la plonge. Même un diplôme venu d'ailleurs ne justifie pas une telle situation. Et c'est pas parce que ces gens-là ne font pas d'effort. Leurs titres, ils sont tous disposés à les «revalider».

Je lisais justement dans un article dans un journal d'ici à Paris (comme quoi les sujets sont les mêmes partout!), où un immigrant disait : «qu'ils doivent se battre deux fois plus que les autres pour y arriver». Et ils le font.

Mais voilà, certains milieux semblent être plus facilitants. Montréal et Toronto sont des villes où, généralement, les employeurs doutent moins qu'un immigrant professionnel peut travailler de la même façon qu'un «local». Le nom différent de la personne ne les arrête pas et ils les rappellent.

Un de mes amis, bardé de diplômes du Brésil et de la France, est arrivé à Québec il y a trois ans. Il vient de déménager à Montréal la peine dans l'âme. Il aimait Québec et souhaitait y demeurer. Mais bon, pas d'entrevues, pas d'espoir de travailler ailleurs que dans des jobines. Après trois ans, un père de famille s'écoeure et va voir s'il y a du gazon ailleurs. Imaginez sa surprise : durant ses trois premières semaines à Montréal, il a eu autant d'entrevues à Montréal qu'en trois ans à Québec.

Son nom était évidemment différent.

Peut-être que les employeurs sont gênés de convoquer ces gens en entrevue parce qu'ils ne savent pas comment prononcer leur nom?

Ou bien c'est ça la raison du problème d'intégration des immigrants à Québec, ou bien c'est le manque de confiance.

Comme je peux pas croire qu'on soit si timides pour que ce soit la première raison, je pense que c'est la seconde.

Alors, oui, je suis d'accord avec M. Lepage. Il a tout à fait raison.

Ou bien on se dégêne. Ou bien on apprend à faire confiance.

On peut faire les deux aussi.


Venise et l'Orient à l'Institut du monde arabe

Veniseetorient

Savoureuse visite de l'exposition Venise et l'orient à l'Institut du monde arabe. Ma seconde puisque la première était consacrée à l'Âge d'or des sciences arabes (j'en avais parlé ici).

Cette exposition nous fait découvrir les échanges qu'il y a eu entre la culture orientale et celle à Venise entre 828 et 1597. Ces échanges se situent à de multiples niveaux, notamment la diplomatie et l'économie, mais également l'art. Et de façon importante.

L'audioguide nous permet d'explorer les oeuvres présentées et d'en dénicher les éléments qui témoignent de ces échanges. Et c'est ce qui m'a le plus fascinée. Oui, les oeuvres étaient belles. Très belles même. Mais sans accompagnement, il ne nous est pas possible de décoder les éléments de l'oeuvre (orfèvrerie, tableaux, livres, etc.) qui témoignent de ces échanges. Durant l'écoute de l'audioguide, on se surprend à chercher le détail révélateur, l'écho à l'ailleurs, la répétition d'un élément découvert précédemment. Et l'audioguide a parfaitement réussi ce défi. Assez de détail pour comprendre le contexte et interpréter les objets qui se tiennent devant nous, mais pas trop de longueurs.

Je note au passage que l'on retrouve un superbe dossier de presse sur le site de l'Institut qui donne un excellent aperçu de l'exposition. Également une galerie virtuelle de quelques-uns des objets ainsi que des activités complémentaires : atelier de création, lire en fête (poésie), cinéma jeune (film de Michel Ocelo, auteur de Kirikou).

Des coups de coeur? Plusieurs.

- Un croquis préparatoire à une oeuvre dessiné sur les deux faces du papier. Et on réussit à voir les deux côtés (portraits) au cours de la visite. Chapeau pour la muséographie. Comme quoi la simplicité peut encore avoir sa place.

Jeunes

- Un groupe de jeunes adolescents qui s'installe par terre pour écouter la guide. Écouter? Disons que la moitié d'en avant écoutait. Celle d'en arrière regardait partout, mais sans regarder l'exposition. Ils étaient ailleurs. Absolument pas dans l'état d'esprit pour être présent.

- Une immense assiette en métal gravée avec des détails presqu'à l'infini, notamment du fil argenté soudé à l'assiette. Il faut se forcer à se rappeler qu'à cette époque, on travaillait encore à la force du bras et à la finesse de l'oeil et de l'outil. Pas de laser pour se simplifier la vie!

Bateau

- Un tableau dans lequel on retrouve de minuscules bateaux qui devaient être immenses.

J'aime beaucoup ce musée avec son approche nécessairement ouverte à l'Autre. Même s'il gagnerait assurément à élargir son approche et son traitement muséal en intégrant des volets thématiques et non seulement une exposition qui s'articule autour des objets.


Iceberg et boue

En janvier 2005, je vous avais parlé d'un iceberg (aussi ici) qui était sur le point de se briser. Voilà que l'on comprend maintenant les raisons de ce bris «soudain».

Fascinant! Et dire que l'on doute encore parfois que la Terre soit vraiment un lieu où tout est interrelié. Parfois on soupçonne l'humain d'être la cause de plusieurs maux. Parfois à tort, souvent à raison. ... reste à voir si la tempête en question est causée par la pollution humaine!

Autre nouvelle curieuse : des éruptions de boue. Je n'avais jamais entendu parler.


Visite au musée qui tourne au ridicule

François a publié une note à l'effet qu'une enseignante aurait été suspendue pour avoir «exposé» ses élèves à des oeuvres d'art comportant de la nudité. Sculptures, peintures, etc.

Non, mais on frise le ridicule!

- où s'en va la confiance en nos professeurs quant à leurs capacités à agir en pédagogue?

- comment peut-on mettre en parallèle une réaction comme celle-ci avec les messages et images des médias quant aux «taille basse», «minceur extrême», «camisoles on ne peut plus plongeante», etc. sans parler des films et vidéos de chanteurs aux scènes on ne peut plus explicites. Est-ce que le parent en question, et ceux qui sont d'accord, envoient des plaintes aux médias? Aux producteurs de cinéma?

- ce qu'il peut être grand l'écart entre les valeurs de ces parents et celles des jeunes quant à l'éducation sexuelle (comme si la vue d'une oeuvre comme celle-ci ou celle-là pouvait contribuer à l'éducation sexuelle). Et quelle crainte ils ont justement de cette éducation!

- Mais surtout, surtout, comment une commission scolaire (district scolaire) peut bien donner suite à une plainte de la sorte! En donnant suite à cette plainte et surtout en suspendant l'enseignante, ils ont avalalisé les craintes du parent, ont discrédité leur confiance en leurs enseignants et se sont enlevé toute porte de sortie pour dédramatiser la situation.

Parce qu'elle doit être dédramatisée la situation. On ne parle pas de pornographie ou de sexualité explicite, on parle d'art. Voici d'ailleurs un résumé des collections du Musée d'art de Dallas.

... comme quoi les musées contribuent à l'éducation informelle de bien des façons!


Mise à jour

Vous l'avez sûrement constaté, j'ai déménagé mon site et j'en ai profité pour le mettre à jour. L'adresse demeure la même, alors pas besoin de changer votre entrée dans votre agrégateur.

On pourrait dire que mon arrivée à Paris est complétée et que je suis maintenant pleinement installée.

... quoi qu'il reste encore quelques tableaux à accrocher dans l'appartement et quelques images à remettre dans les notes du site. :o)

Alors, on continue!