Mario a décidé de se lancer dans le sujet de l'heure à Québec : Québec et les immigrants.
À mon tour d'ajouter mon petit grain de sel.
J'ai connu plusieurs immigrants qui sont arrivés à Québec remplis d'espoir. Québec représentait la société calme, respectueuse et ouverte qu'ils recherchaient. Oui, oui, une société qu'ils ne sentaient pas rejetante.
Pourtant, une grande partie d'entre eux sont partis à Montréal ou à Toronto. Pas parce qu'ils se sentaient jugés. Pas parce qu'ils se sentaient rejetés socialement. Non. Pour une autre raison : le travail. Ils ne réussissaient pas à trouver du travail dans leur domaine d'expertise. L'accueil, l'intégration d'une famille et tout le reste, passe par une seule chose : que les parents puissent trouver un travail selon leurs compétences. Ce n'est pas normal que nous ayons des médecins, des journalistes, des administrateurs, des ingénieurs et d'autres professionnels qui se contentent de faire du taxi, des ménages ou de la plonge. Même un diplôme venu d'ailleurs ne justifie pas une telle situation. Et c'est pas parce que ces gens-là ne font pas d'effort. Leurs titres, ils sont tous disposés à les «revalider».
Je lisais justement dans un article dans un journal d'ici à Paris (comme quoi les sujets sont les mêmes partout!), où un immigrant disait : «qu'ils doivent se battre deux fois plus que les autres pour y arriver». Et ils le font.
Mais voilà, certains milieux semblent être plus facilitants. Montréal et Toronto sont des villes où, généralement, les employeurs doutent moins qu'un immigrant professionnel peut travailler de la même façon qu'un «local». Le nom différent de la personne ne les arrête pas et ils les rappellent.
Un de mes amis, bardé de diplômes du Brésil et de la France, est arrivé à Québec il y a trois ans. Il vient de déménager à Montréal la peine dans l'âme. Il aimait Québec et souhaitait y demeurer. Mais bon, pas d'entrevues, pas d'espoir de travailler ailleurs que dans des jobines. Après trois ans, un père de famille s'écoeure et va voir s'il y a du gazon ailleurs. Imaginez sa surprise : durant ses trois premières semaines à Montréal, il a eu autant d'entrevues à Montréal qu'en trois ans à Québec.
Son nom était évidemment différent.
Peut-être que les employeurs sont gênés de convoquer ces gens en entrevue parce qu'ils ne savent pas comment prononcer leur nom?
Ou bien c'est ça la raison du problème d'intégration des immigrants à Québec, ou bien c'est le manque de confiance.
Comme je peux pas croire qu'on soit si timides pour que ce soit la première raison, je pense que c'est la seconde.
Alors, oui, je suis d'accord avec M. Lepage. Il a tout à fait raison.
Ou bien on se dégêne. Ou bien on apprend à faire confiance.
On peut faire les deux aussi.